Avec Draisy, un train léger innovant, le retour du rail dans la vallée du Florival redevient envisageable

Publié : 10 juin 2025 à 6h00 - Modifié : 10 juin 2025 à 10h29
Mandy Vereecken

Draisy

L’espoir s’est ravivé le 14 mai, lors d’une visite d’élus locaux et de membres de l’association Florirail sur le site de l’entreprise Lohr, dans le Bas-Rhin. Ils ont pu y découvrir le Draisy, un prototype de train léger développé par le constructeur alsacien, spécialisé dans les véhicules de transport automobile. Cette visite a marqué un tournant décisif dans le dossier ferroviaire local.

Parmi les visiteurs convaincus figure Marcello Rotolo, conseiller régional, maire de Soultz et président de la Communauté de communes de la Région de Guebwiller. « Nous avons pu explorer les bureaux d’étude de l’entreprise et voir de nos propres yeux le prototype du Draisy. Ce projet, soutenu dans le cadre du plan France 2030, a un délai de quatre ans pour passer à l’étape concrète », a-t-il déclaré.

Un essai sur circuit fermé est prévu cette année, suivi d’un test grandeur nature en 2026 sur une ligne en Moselle. La commercialisation du Draisy est annoncée pour 2028. À cette occasion, Thibaud Philipps, vice-président du Conseil régional Grand Est en charge des mobilités durables, a confirmé que trois lignes ferroviaires pourraient être remises en service si le projet s’avère concluant — dont celle reliant Bollwiller à Guebwiller.

Mathieu Taquard, président de Florirail, s’en félicite : « Nous avons demandé à obtenir rapidement les données techniques nécessaires afin d’anticiper les études de remise en état de la ligne. Thibaud Philipps nous a assuré que c’était en cours. »

Pour Marcello Rotolo, le Draisy représente une solution d’avenir, non seulement pour l’entreprise Lohr, mais aussi pour l’ensemble des lignes ferroviaires de courte distance en France. Il met également en avant un avantage technique : « La maintenance est facilitée, car les éléments peuvent être transportés et réparés dans des centres techniques SNCF existants grâce à un système de transfert routier. »

Alors que la ligne Bollwiller–Guebwiller avait été écartée du Contrat de plan État-Région (CPER) à la création de la Région Grand Est en 2016, elle sera désormais intégrée dans le prochain CPER couvrant la période 2028-2034. « C’est une avancée majeure », souligne Marcello Rotolo, rappelant que « notre communauté de communes est la seule en France avec plus de 25 000 habitants à ne pas être desservie par le train. »

Le Draisy, qui a séduit les visiteurs, présente plusieurs atouts techniques : deux fois plus léger qu’un train classique, il peut atteindre les 100 km/h, fonctionne à l’électricité grâce à des batteries, et n’émet aucun gaz à effet de serre. Sa capacité est de 30 places assises et 50 debout, extensible grâce à l’ajout de deux modules supplémentaires aux heures de pointe. Selon Mathieu Taquard, cette solution s’avère également plus économique : « À l’achat, le Draisy coûte environ 10 % de moins qu’un tramway, et les frais de fonctionnement seront réduits de 30 à 50 %. »

Autre fait marquant révélé lors de la visite : le principal ingénieur à l’origine du Draisy est un enfant de Guebwiller, Jacques Ober, fils d’une figure bien connue dans la commune. Cette coïncidence a touché les membres de la délégation.

Enfin, les visiteurs ont pu découvrir une maquette grandeur nature d’un demi-Draisy, dans laquelle étaient projetés des paysages sur les vitres pour simuler le déplacement, à la manière d’un simulateur de vol. « Une expérience immersive et impressionnante », commente Mathieu Taquard. L’entreprise Lohr a proposé d’exposer cette maquette à Guebwiller, une opportunité que le maire Francis Kleitz entend bien saisir : « Nous réfléchissons à la manière la plus judicieuse de la présenter. Je suis persuadé qu’elle saura convaincre les plus sceptiques.