Colmar : Gérald Darmanin inaugure un centre dédié à la réinsertion des personnes incarcérées
/medias/K5TLO8CvoX/image/Capture_d__cran_2025_06_13_1019121749802868325.png)
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, s’est rendu en Alsace dans le cadre d’un déplacement officiel. Après une première étape au tribunal de proximité de Sélestat, il a rejoint Colmar pour inaugurer la Structure d’Accompagnement vers la Sortie (SAS), en fonctionnement depuis septembre 2024. Cette structure innovante accueille des détenus en fin de peine, avec pour objectif de les aider à préparer leur retour dans la société. Environ une centaine de personnes y sont actuellement suivies.
Situé au nord de la ville, le bâtiment surprend par son apparence extérieure : inspiré de l’architecture des anciens séchoirs à tabac locaux, il ne ressemble en rien à une prison traditionnelle. Mais une fois à l’intérieur, les portes blindées et les systèmes de sécurité rappellent qu’il s’agit bien d’un établissement pénitentiaire. Cela dit, le cadre de vie y est beaucoup plus souple qu’en maison d’arrêt classique.
Marianne Frigière, responsable de la SAS, explique le fonctionnement du lieu :« Les détenus vivent sous un régime de portes ouvertes, ce qui signifie qu’ils gèrent eux-mêmes leur emploi du temps : ils vont à leurs rendez-vous, se rendent seuls aux parloirs… L’objectif est de leur redonner progressivement de l’autonomie. »
Certaines règles restent néanmoins en vigueur, comme l’interdiction des téléphones portables.
L’établissement est réservé aux détenus non dangereux, en fin de peine (moins de deux ans restants). Valérie Prats, directrice du centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach, précise les critères d’admission :« Le comportement antérieur du détenu, ainsi que la faisabilité de son projet de réinsertion, sont des éléments déterminants. Il ne suffit pas de l’envoyer en SAS : il faut que les partenaires locaux puissent l’accompagner efficacement. »
Lors de sa visite, Gérald Darmanin a parcouru les différents espaces de la SAS. Il a souligné l'importance de ce type de structure pour éviter les « sorties sèches », lorsque les détenus quittent la prison sans accompagnement ni suivi :« Ces centres permettent une meilleure réintégration dans la société. Sans cela, les anciens détenus sont souvent livrés à eux-mêmes et rechutent plus facilement. »
Selon le ministre, entre 50 % et 70 % des sortants de prison récidivent aujourd’hui en France.
Il plaide ainsi pour une transformation du système pénitentiaire français :« On ne peut plus continuer à regrouper dans les mêmes établissements des personnes en attente de jugement, des condamnés pour des délits mineurs, et des profils très dangereux. Un cambrioleur ou un conducteur récidiviste n’a pas les mêmes besoins qu’un terroriste ou un trafiquant. »
Le ministre a également salué l’engagement des agents pénitentiaires.« Leur métier est exigeant, mais ici, ils bénéficient de meilleures conditions de travail, ce qui change leur quotidien. Les détenus ont davantage de libertés, ce qui favorise un climat différent de celui des maisons d’arrêt surpeuplées. »
En effet, la surpopulation reste un problème majeur dans les établissements traditionnels. En décembre 2024, le centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach comptait 499 détenus pour 350 places. À Colmar, la SAS propose une alternative à cette saturation, avec une approche orientée vers la responsabilisation et la réinsertion.