Haut-Rhin : les agriculteurs ouvrent la mobilisation contre les normes et la concurrence étrangère

Jeudi 25 septembre, les agriculteurs du Haut-Rhin, à l’appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs, ont lancé la mobilisation en Alsace avant leurs homologues bas-rhinois. Entre barrage filtrant, distribution symbolique de boîtes d’œufs vides et rendez-vous avec la préfecture, ils dénoncent des normes jugées absurdes et une concurrence étrangère « déloyale ».

Publié : 26 septembre 2025 à 10h24 par
Claude-Emmanuel Martin

FNSEA

Des actions symboliques et un barrage filtrant à la frontière

Dès la matinée, les manifestants ont distribué aux automobilistes des boîtes d’œufs… vides, pour alerter sur le risque de disparition des élevages face aux importations massives et aux règles sanitaires.
Dans l’après-midi, une quarantaine de tracteurs ont installé un barrage filtrant sur le pont reliant Vogelgrun à Breisach, à la frontière franco-allemande. À Colmar, une délégation d’agriculteurs a également été reçue à la préfecture, tandis qu’une dizaine de tracteurs stationnaient devant le bâtiment.

Normes sanitaires et « clauses miroirs » au cœur des revendications

Les syndicats agricoles réclament des « clauses miroirs », afin que les produits importés respectent les mêmes normes que ceux produits en France.
Un point particulièrement sensible concerne les élevages de volailles : depuis fin 2023, plus de 200 000 poules ont été abattues en Alsace par précaution à la suite de détections de salmonelle, même lorsque les animaux étaient sains.
« Pendant qu’on nous interdit de vendre nos œufs directement aux consommateurs, la France importe massivement des œufs ukrainiens qui ne subissent pas les mêmes contrôles », déplore Thomas Obrecht, vice-président de la FDSEA 68.

D’autres inquiétudes : nitrates, irrigation et promesses non tenues

Les agriculteurs pointent également une réglementation inadaptée sur les nitrates, avec des contrôles imposés en novembre alors qu’en Alsace, ils seraient plus pertinents au printemps. L’irrigation reste un autre sujet sensible : des discussions sont en cours depuis plus d’un an et demi, mais les professionnels redoutent que les engagements pris ne soient pas respectés.
Les promesses de simplification administrative faites après les manifestations de l’hiver dernier sont elles aussi restées lettre morte.

La réponse prudente du préfet

Le préfet du Haut-Rhin, Emmanuel Aubry, est venu à la rencontre des manifestants. Sans annoncer de mesures immédiates, il a promis de transmettre leurs revendications à l’échelle nationale et a salué leur rôle dans la « souveraineté alimentaire ».