Continuer à manger local” : un enjeu majeur selon un agriculteur alsacien, soutenu par la loi de simplification
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Très attendue par la profession, la loi portée par le député Grégory Duplomb vise à simplifier le quotidien des agriculteurs en réduisant certaines contraintes réglementaires. Objectif : alléger les lourdeurs administratives et rendre le métier plus soutenable. Mais le parcours parlementaire s’annonce semé d’embûches. Pas moins de 3 500 amendements ont été déposés par les députés de La France Insoumise et des écologistes, qui redoutent des dérives en matière de gestion de l’eau ou un usage facilité des pesticides.
Face à ce blocage annoncé, les éleveurs comptent faire entendre leur voix : une manifestation est prévue ce lundi devant l’Assemblée nationale, et plusieurs tracteurs venus d’Alsace devraient rejoindre le cortège parisien.
Parmi les points les plus controversés du texte figure la réintroduction facilitée de certains produits phytosanitaires, notamment l’acétamipride, un néonicotinoïde interdit depuis 2018, soupçonné de nuire gravement aux abeilles. Pour Dominique Daul, agriculteur, il s’agit avant tout de cohérence : « Chaque produit présente des avantages et des inconvénients. Prenez la betterave sucrière : tout le monde connaît le sucre d’Erstein. Si on nous prive de ces solutions alors que nos voisins européens y ont encore accès, comment produire demain en France ? »
Selon lui, l’interdiction des traitements à base de néonicotinoïdes n’a pas fait disparaître l’usage d’insecticides, mais l’a simplement déplacé : « On ne les utilise plus sur les semences depuis sept ans, mais on compense par des pulvérisations en plein champ. Est-ce vraiment mieux ? »
Autre sujet sensible : l’accès à la ressource en eau. Le projet de loi entend assouplir les règles de création de réserves de stockage, comme les bassines, une mesure vivement contestée par les défenseurs de l’environnement, qui dénoncent une accaparation de l’eau par une minorité d’exploitants.
Dominique Daul s’en défend : « Ce sont les agriculteurs qui sont en première ligne face au changement climatique. Quand il pleut beaucoup en hiver, on ne comprend pas pourquoi on ne pourrait pas stocker cette eau pour irriguer en été. Il ne s’agit pas de privatiser, mais de garantir notre capacité à produire. Arroser son potager est accepté ; nous, on veut juste nourrir le pays. »
Les professionnels demandent aussi une réduction des charges administratives, qu’ils jugent écrasantes et chronophages.
Du côté des soutiens du texte, les milliers d’amendements déposés sont perçus comme une stratégie d’obstruction. La droite et la majorité présidentielle envisagent de déposer une motion de rejet pour renvoyer le texte en commission mixte paritaire, sans débat à l’Assemblée.
Dominique Daul fustige cette situation : « Ce sont les écologistes qui refusent le dialogue. Quand on inonde un texte de milliers d’amendements, ce n’est pas pour améliorer la loi, c’est pour l’empêcher d’exister. C’est antidémocratique. Ils bloquent la discussion, et donc l’expression des députés. »