Recettes de la taxe de séjour : cette ville touristique a doublé la mise

Publié : 26 mai 2025 à 6h00 - Modifié : 26 mai 2025 à 10h52
Mandy Vereecken

Colmar

C’est une décision pleinement assumée par la municipalité : depuis peu, les visiteurs qui passent la nuit à Colmar paient une taxe de séjour légèrement plus élevée. Le tarif a notamment été revu à la hausse dans les établissements haut de gamme, où il atteint désormais 3,50 € par nuit contre 2,73 € auparavant.

Pour le maire, Éric Straumann, cette augmentation graduelle, engagée dès 2019, permet à la Ville d'accroître ses ressources fiscales sans peser davantage sur les Colmariens. La taxe, acquittée uniquement par les visiteurs, contribue en effet à éviter une hausse de la fiscalité locale, notamment celle des impôts fonciers.

Les résultats parlent d’eux-mêmes : en l’espace de cinq ans, les revenus issus de cette taxe ont quasiment doublé. Ils sont passés de 1,4 à 2,7 millions d’euros, avec une progression marquée de 168 % pour les locations meublées.

Un autre facteur a favorisé cette hausse : une meilleure régularisation des meublés touristiques. « En 2019, une grande partie des locations échappaient encore à toute déclaration », explique le maire. Aujourd’hui, grâce à un encadrement renforcé et à la coopération des plateformes de location, la collecte est bien mieux assurée. « Ces plateformes ont compris qu’il était dans leur intérêt de se conformer aux règles. Le rendement pour la ville est bien plus efficace, et les propriétaires ne peuvent plus éviter cette contribution, qui tourne autour d’un euro par nuit. »

Comme ailleurs, Colmar a vu fleurir les meublés touristiques ces dernières années. Ce ne sont plus seulement des habitants qui louent ponctuellement leur logement, mais souvent des investisseurs extérieurs, parfois non résidents, qui acquièrent plusieurs biens – voire des immeubles entiers – et délèguent la gestion à des sociétés spécialisées.

Face à cette évolution, les hôteliers saluent la hausse de la taxe et le renforcement des contrôles. « C’est une mesure juste », estime Alexandre Bomo, directeur de l’hôtel Le Maréchal. « Tous les visiteurs bénéficient des services municipaux : fleurissement, entretien du patrimoine… Il est donc normal que chacun contribue, quel que soit le type d’hébergement. »

Avec 3,5 millions de visiteurs par an, Colmar bénéficie d’un fort attrait touristique. Mais cette fréquentation a aussi un coût, souligne le maire, notamment en matière de propreté. « Certains bailleurs ne prévoient même pas de poubelles pour leurs locataires, qui finissent par jeter leurs déchets dans les corbeilles publiques. Ce n’est pas aux habitants de payer les conséquences. »

Enfin, Éric Straumann évoque une inégalité persistante : si les hôtels et les meublés sont soumis à la même taxe de séjour, seuls les premiers versent la TVA à hauteur de 20 %. Un déséquilibre fiscal qui reste à corriger, selon lui.