Grâce à sa nouvelle gamme de treillis, l’armée française renforce ses capacités de camouflage
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Après 35 ans sans modification, l’uniforme de l’armée de Terre française évolue en profondeur. D’ici la fin de l’année 2024, un nouveau treillis baptisé BME, pour bariolage multi-environnement, remplacera progressivement l’actuel camouflage Centre-Europe, introduit dans les années 1990. Ce changement marque la fin du motif polychrome au profit d’un nouveau design à six teintes, dont l’introduction du blanc constitue l’innovation majeure.
« L’ancienne version comportait du noir, facilement repérable en vision infrarouge. Le nouveau modèle est conçu pour s’adapter à tous les terrains : urbains, boisés, désertiques ou enneigés », explique le lieutenant Vincent, du 152e régiment d’infanterie de Colmar (Haut-Rhin), rattaché à la 7e brigade blindée basée à Besançon.
Jusqu’à présent, les soldats disposaient de deux types de tenues distinctes selon leur mission. Ce nouveau modèle unifié permet non seulement une adaptation à tous les milieux, mais également un gain logistique et financier. Il intègre un motif strié et irrégulier, rendant plus difficile la détection d’une silhouette. « Ces motifs perturbent davantage le regard, ce qui augmente le temps nécessaire pour repérer un soldat », précise le lieutenant. Selon le ministère des Armées, ce nouveau camouflage allonge de 25 % le délai de détection par l’ennemi — un avantage tactique non négligeable sur le terrain.
La 7e brigade blindée a été la première à recevoir ces équipements dès mars. Suivra ensuite la 2e brigade, puis une généralisation à toute l’armée de Terre d’ici décembre. « C’est bien accueilli par les troupes. On apprécie les évolutions qui améliorent l’efficacité », confie encore le lieutenant Vincent.
En plus des couleurs, la coupe et les fonctionnalités ont été optimisées : pantalon muni d’un zip, veste ajustée, poches latérales adaptées au port du gilet pare-balles... « C’est plus pratique au quotidien comme en opération. La tenue s’ajuste à toutes les morphologies », se félicite le lieutenant.
Inspiré du camouflage MultiCam américain, ce nouveau treillis a été développé par la Section technique de l’armée de Terre (STAT), en collaboration avec le Service du commissariat des armées et la Direction générale de l’armement. Les premières études datent de 2016 et ont abouti après l’évaluation de trois prototypes. Le programme représente un investissement d’environ 200 milliards d’euros dans le cadre de la Loi de programmation militaire.
Chaque soldat recevra trois tenues, avec possibilité de renouvellement chaque année pour tenir compte de l’usure sur le terrain. « En mission, l’équipement s’abîme vite. Mais pour les cérémonies, il faut aussi pouvoir présenter une tenue impeccable », conclut le lieutenant Vincent.